04 octobre 2016

Les Souliers rouges : conte musical de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker


Conte musical, écrit par Marc Lavoine et Fabrice Aboulker, librement inspiré du conte d'Andersen "Les chaussons rouges", et interprété par Marc Lavoine (le compositeur), Coeur de pirate (La danseuse étoile), Arthur H. (le chorégraphe).

Pas de très long article cette fois, mais un simple partage de coup de coeur en musique. En lisant le magazine "L'Obs" il y a quelques semaines, je découvre de manière très fortuite la sortie imminente d'un album, ou plutôt d'un conte musical, composé par Marc Lavoine et son compère de longue date, Fabrice Aboulker (auteur, entre autres des Yeux Revolver). Ce cd de 15 titres, raconte l'histoire d'une jeune artiste rêvant de gloire, ne vivant que de danse. Elle rencontre un chorégraphe tourmenté, interprété par Arthur H., qui lui propose d'interpréter un ballet maudit, "Les Souliers Rouges", qu'il cherche à monter depuis des années. Elle accepte, au prix d'un sacrifice qu'elle sait d'ores et déjà immense. Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un compositeur jaloux, campé par Marc Lavoine, elle sera face à un choix impossible : l'amour de l'art ou l'amour tout court...

Alors évidemment, en écoutant l'album et en découvrant la trame, on ne peut décidément penser qu'au film mythique d'Emeric Pressburger et de Michael Powell de 1948, "The Red Shoes", ce que les créateurs du conte musical se gardent bien de mentionner, se contentant de parler de leur source d'inspiration première, c'est-à-dire, du conte original d'Andersen. Or, je pense qu'il n'y a absolument rien de gênant à ce que cette oeuvre-ci s'inspire tant du film, je trouve au contraire qu'ils sont merveilleusement complémentaires... La trame du conte musical est tout à fait identique à celle du film, que je rappelle brièvement : Vickie Page, humble jeune danseuse mais diablement déterminée, rêve de danser dans la compagnie du directeur de ballet, Boris Lermontov, homme tourmenté et tyrannique, dont elle devient peu à peu la muse. Lorsqu'elle tombe amoureuse du compositeur du ballet "Les Chaussons rouges" et qu'ils quittent la compagnie pour se marier, Lermontov ressasse sa rage, avant d'essayer désespérément de la récupérer dès que le mari a le dos tourné... Vickie se retrouve en otage d'une situation intenable, d'un abominable chantage affectif : d'un côté le mari jaloux qui ne supporte pas de voir sa femme danser pour Lermontov, et de l'autre le directeur de ballet possessif qui ne tolère aucun partage. La malédiction du ballet est en marche...



Vraiment très peu de différences donc entre l'histoire scénarisée par Emeric Pressburger et le livret du conte musical. Il s'agit des mêmes sacrifices, des mêmes tiraillements, des mêmes chantages, autour de ce personnage déterminé mais fragile, qu'interprète magnifiquement Coeur de pirate. La musique est tantôt sobre, tantôt tragique, et les paroles, même si elles ne sont pas parfaites car parfois un peu maladroites, sont pourtant toujours très efficaces et parviennent à transmettre en peu de mots de merveilleuses émotions, grâce à des interprétations à fleur de peau. Marc Lavoine et Arthur H prêtent magnifiquement leurs timbres graves à leur personnage respectif, le premier plutôt dans un registre de romantisme passionné, l'autre dans celui d'une mélancolie tragique, qui sait qu'il entraîne sa muse vers un abîme. Ne lui dit-il pas d'ailleurs, d'une voix sombre, dans le splendide morceau "Rêve d'une vie", qui me paraît le plus abouti de l'album :

"Viens danser dans ma nuit ; Les souliers rouges à tes pieds, endormis ; Offre-toi au dieu de la danse : Comme un cadeau immense." 

Il est en cela un digne héritier du personnage glacial interprété à l'origine par Anton Walbrook, quoiqu'en renforçant son côté damné, puisqu'il semble corrompre tout ce qu'il approche et tout ce qu'il touche... mais le diable n'est sans doute pas loin dans ce conte musical absolument splendide, qui oscille entre récit fantastique, et fable romantique.










2 commentaires:

  1. Voilà une jolie découverte, et qui doit rendre en effet un bel hommage à ce superbe film ! Pas un pari simple, cependant mais la forme de fable musicale doit s'y prêter avec beaucoup de poésie, comme le montrent les paroles presque murmurées de Qu'il est difficile... ça doit être un format très agréable et très adapté à la fois pour cette histoire, en tout cas, j'aime beaucoup les arrangements ! Je ne suppose pas la voix de Coeur de Pirate (dans la première vidéo et en général, la deuxième passe bizarrement) mais les deux autres rôles masculins semblent bien trouvés aussi. Je vais voir si je trouve d'autres extraits ^__^

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  2. Oui, c'est une très belle découverte ! Tu imagines ma surprise et mon intérêt quand j'ai appris la sortie de cet album ! Au début, j'étais très sceptique quant à Coeur de Pirate (je trouve qu'elle a une diction abominable), mais finalement son timbre très doux, très effacé, convient très bien au personnage qu'elle incarne et à ses dilemmes. J'ai trouvé génial que Marc Lavoine fasse de son mentor, incarné par Arthur H, un homme damné et même condamné, un personnage clairement dans le registre du fantastique et du tragique... Cet album est vraiment une merveille. Je vais t'envoyer par mail le morceau "Rêve d'une vie", que je trouve sublime) ;)

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